Intervention de Matthieu Daele en commission de la Santé dans le débat sur la mise en place d’expériences-pilotes de dispositifs intégrés en réduction des risques liés aux assuétudes et à la toxicomanie dans les grandes villes wallonnes :

  Au niveau de la toxicomanie, je fais partie de ceux qui visent à avoir une approche pragmatique de cette question. Il faut savoir que les salles de consommation à moindres risques ont déjà été analysées par de nombreuses études dans le monde et leurs conclusions convergent toutes pour dire que ce sont des expériences positives, en constatant que les nuisances publiques sont réduites, que le nombre d’overdoses, dans les quartiers avoisinants, est en baisse. La santé sanitaire du public cible s’améliore. Il y a de meilleures pratiques d’injection, des réductions des affections au virus HIV, de l’hépatite C, une réduction des lésions, un meilleur accès aux soins et une reprise de contact avec un public difficile d’accès.

Il y a même une étude de Vancouver qui a montré que ces salles seraient un bénéfice pour la société, notamment en termes de soins épargnés par la sécurité sociale. Ce sont 5,12 fois plus élevés que leur coût. Les gains sont donc 5,12 fois plus élevés que le coût des salles de consommation.

De la part d’Ecolo, il n’y aura pas de surprise concernant notre assentiment. Notre parti s’est déjà positionné sur les salles de consommation en d’autres lieux, notamment à Liège, et ce, depuis des années. Vous vous rappelez que Mme Muriel Gerkens, Députée fédérale Ecolo, avait remis, en tant que présidente de la Commission de la santé du Parlement fédéral, en 2015, une proposition d’avis favorable au projet de loi pour permettre les salles de consommation en Belgique. Elle avait consulté un grand nombre d’experts en santé, en travail social ainsi que la police. Elle s’était nourrie des expériences des pays étrangers.

Nous la soutenons aussi parce que nous pensons qu’une politique de drogue doit être une politique de santé. Les salles de consommation font partie des bonnes pratiques en réduction des risques. Elles ont été évaluées par des experts scientifiques et par des experts de terrain. Elles sont aussi demandées par le secteur ; Eurotox, l’Observatoire des usagers de drogues et d’alcool, les inscrivent dans leur livret sur les bonnes pratiques. Aussi l’Académie royale de médecine, une journée d’étude sur l’évolution de la RDR, en décembre 2016.

En milieu de rue, on sait que les personnes sont extrêmement confrontées à l’inconfort, au froid, à l’humidité, à l’absence d’accès à des soins, à l’insécurité, à la violence et que la démarche d’arrêt est loin d’être la première préoccupation.

Il faut donc des stratégies de santé pour l’ensemble des usagers de drogues, y compris pour ceux qui ne sont pas dans une démarche d’arrêt. C’est cela que peut apporter une salle de consommation.

On le sait, les innovations concernant les usages de drogue commencent souvent par être en marge de la légalité. Cela a été le cas du traitement de la dépendance à l’héroïne par la méthadone, qui a valu en Belgique, à des médecins, d’être arrêtés et emprisonnés et qui reste un acte médical très contrôlé. Dans les années 1980, en pleine épidémie du sida, ce sont à nouveau des médecins, des travailleurs sociaux, mais aussi des usagers de drogues qui ont décidé de distribuer des seringues stériles aux usagers. Notre politique fédérale Drogues met énormément d’argent dans la répression plutôt que dans la prévention et la réduction des risques.

Les politiques répressives actuelles ne font pas diminuer le trafic de stupéfiants, cela ne fait pas diminuer le nombre de consommateurs. En outre, notre pays a déjà criminalisé des usagers, des médecins, des travailleurs, pourtant à la recherche de solutions humaines, de solutions adaptées aux épidémies du sida, de l’hépatite C, des problèmes d’addiction. Ces personnes ne font donc pas appel d’air mais, au contraire, informent, donnent aux personnes concernées des clés, des outils pour prendre soin d’elles et de leur santé. C’est donc dans ce contexte qu’arrive cette proposition de résolution. Nous sommes preneurs de pouvoir avancer de cette manière. Nous soutenons cette proposition de résolution et nous exprimerons notre vote positif au nom du groupe Ecolo en séance plénière.

Pour lire l’intégralité du débat :

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/CRAC/crac128.pdf

Liens vers les propositions de résolutions :

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/RES/1035_1.pdf

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/RES/1070_1.pdf