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Fin 2016, cdH et PS ont tenté de faciliter la vente de forêts appartenant à la Région wallonne, en proposant de modifier deux articles du Code forestier. Le Gouvernement wallon a finalement fait marche arrière, sous la pression des écologistes, des associations environnementales et face à l’émoi populaire dénonçant une privatisation des forêts wallonnes. Il a donc provisoirement rangé sa proposition au frigo. Mais jusqu’à quand ?

La forêt wallonne est sous pression. En 25 ans à peine, la demande de bois a presque triplé. Elle est passée de 1,2 millions de m³ sciés à pratiquement 3,3 millions de m³. Et le prix des forêts a suivi le mouvement. Un hectare de terrain boisé coûte aujourd’hui entre 5.000€ jusqu’à 20.000€, voire plus, sur des terres productives.

C’est dans ce contexte qu’il faut lire la volonté du Gouvernement wallon de vendre une partie de son domaine forestier. Un délestage qui n’est pas sans risque pour la nature. Par exemple, les épicéas sont exploités à 70 ans dans le cas des forêts publiques, mais à 50 ans seulement par le privé, pour en augmenter la rentabilité. Du côté des résineux, on les prélève plus vite qu’ils ne grandissent dans les forêts privées : le taux de prélèvement y est de 149%, contre 97% dans les forêts publiques.

La moitié des forêts domaniales, c’est-à-dire les forêts propriétés de la Région Wallonne, sont protégées par la législation européenne Natura 2000, contre moins d’un quart des forêts privées. On imagine donc les risques qui pèsent sur les quelque 60.000 hectares de forêts domaniales s’ils devaient être vendus ! Concrètement, les forêts publiques devenues privées ne seront plus soumises au régime forestier qui assure une gestion durable des forêts.

Il ne s’agit pas de poser un jugement et de dire que les forêts publiques ou les forêts privées sont mieux gérées. Simplement, les objectifs fixés au départ sont différents. D’un côté, les forêts publiques veillent à garder un équilibre entre les fonctions économiques, écologiques et sociales ; de l’autre, les forêts privées poursuivent un objectif essentiellement économique. Les deux ont leur raison d’être. Le problème se pose si on rompt l’équilibre en privatisant de plus en plus et en augmentant donc fortement le risque d’une gestion privilégiant le court terme. Ce qui favorise des pratiques qui conduisent à une surexploitation de la production de bois, à l’épuisement des sols, à la fermeture des sentiers de promenade, au refus d’accès pour les mouvements de jeunesse, à une surabondance de gibier provoquant des dégâts aux arbres, à la faune et à la flore…

Outre leur fonction environnementale, les forêts offrent des services (aux) publics, comme la possibilité de disposer d’un milieu de vie au quotidien, par exemple grâce aux forêts aux abords des agglomérations. Elles ont un rôle touristique, éducatif, de développement personnel et social. Elles font partie de notre patrimoine culturel, historique. Elles rendent des services à la population locale (champignons, affouage,…). Autant de fonctions qui ne sont pas monnayables, contrairement à la production de bois et à la chasse.

La volonté du cdH et du PS de vouloir priver les citoyens de forêts ouvertes, accessibles, publiques doit être barrée. Ecolo leur demande de renoncer, sans ambiguïté, à leur projet et d’élaborer, au contraire, une politique régionale des forêts qui garantisse la coexistence harmonieuse des fonctions économiques, écologiques et sociales, telle que voulue par le Code forestier.

[→ Vous voulez agir ? Signez la pétition !]

Suite à la pression populaire, et à la mobilisation des écologistes et des acteurs de terrain, des auditions accompagnées d’avis écrits se sont tenues sur le sujet les 6 et 20 mars dernier au Parlement de Wallonie. Pour les décoder et pour en savoir plus sur les enjeux de la proposition cdH-PS de privatisation des forêts wallonnnes, c’est ici.