Il peut y avoir des désaccords au sein d’un Gouvernement. Évidemment. Il peut y avoir des blocages, des crises, voire des ruptures.

La tension monte. Elle fait un peu de bruit. La population est informée. Et les partenaires coalisés cherchent des solutions. Puis la tension monte encore. Elle fait un peu plus de bruit. La population est mieux informée. Il y a éventuellement des menaces, un ultimatum.

Pour exprimer leur désaccord, un Ministre ou plusieurs Ministres peuvent aussi quitter un Gouvernement et démissionner. Il est enfin possible de déposer une motion de méfiance constructive et de former un autre Gouvernement.

Mais jusqu’au 19 juin dernier, rien de tout cela ! Quasi aucun bruit d’assiette brisée dans le couple pendant 13 ans, pendant quasi 30 ans.

Comme si la crise était un but, et non une cause.

En ce sens, nos institutions ont été violentées. Nous ne parlons évidemment pas du PS, qui, notamment avec le CDH, a laissé se développer des pratiques scandaleuses, ou s’est accroché à trop d’endroits à ses abus et à ses privilèges. Sa responsabilité est immense. Nous ne pleurerons pas son sort.

Mais nous parlons de nos institutions, mises à mal avec un parti qui a pris en otage un Gouvernement, sans tirer les conséquences de son analyse en démissionnant. Nous parlons du coup d’arrêt brutal à une série de politiques, avec des conséquences multiples pour de nombreux secteurs.

Nous parlons de nos concitoyens, qui restent largement dans l’incompréhension face à cette crise soudaine, improvisée, sans explication, alors que le CDH a tant partagé avec le PS et avec le MR, notamment au sein de Publifin, alors que ceux qui sont devenus infréquentables à Namur resteraient fréquentables à Liège, Charleroi ou Mons.

Les enjeux d’éthique politique et de démocratie ont été évoqués pour motiver le changement de Gouvernement. Il est en effet essentiel d’assainir en profondeur les pratiques politiques et de changer le système politique.

Certes, il y aura des réformes. Pour une série d’entre elles, ce sont des réformes que nous avons mises sur la table. Nous les soutiendrons évidemment. Mais nous sommes loin d’un basculement. Nous sommes loin de réformes fondamentales, qui permettraient de penser que demain sera autrement qu’aujourd’hui.

Car dès qu’on s’approche du cœur du système, le blocage a repris le dessus. Par exemple en matière de cumuls, de rémunérations privées, de baronnies provinciales, de clientélisme, de nominations politiques ou encore de ces mécanismes qui permettent à un parti, comme le PS aujourd’hui avec 30 % des voix de faire 40 % des sièges et de se croire tout permis.

C’est une occasion manquée. C’est davantage encore.

Car s’il s’agit de remplacer l’Etat PS-CDH par un Etat MR-CDH ou PS-CDH-MR, où est la rupture ?

Ecolo continuera à porter ce changement, ici en Wallonie comme à Bruxelles, mais il n’est en tout cas pas dans votre accord de GW.

Et puis, il y a toutes les autres politiques, économiques, sociales et environnementales. Là, nous sommes réellement impressionnés. Impressionnés par la continuité et par le flou.

Certes, il y a ici ou là du meilleur qui pourrait s’annoncer. Il y a aussi du pire qu’aujourd’hui. Il y a énormément de flou. Ce sera l’objet du débat de ce soir.

Mais globalement, c’est la continuité qui impressionne, la continuité d’une politique que nous combattons, la continuité d’une politique qui ne rencontrera pas davantage demain qu’aujourd’hui en particulier les enjeux d’écologie et de solidarité.

Nous voulions l’alternative. Il n’est question que d’alternance.

Nous ne voterons donc pas la confiance à la coalition entrante, qui ne répond pas, pour l’essentiel, à nos attentes ; comme, faut-il le rappeler, nous n’avons pas soutenu et ne soutenons pas la coalition sortante.