Intervention de Matthieu Daele en séance plénière dans le débat sur la valorisation des métiers du secteur de l’aide à domicile, notamment celui de l’aide familiale, dans le cadre de l’assurance autonomie :


« Les aides familiales ont peur. Elles ont peur de voir leur métier d’accompagnement, d’aide à la vie quotidienne, de soutien relationnel, d’aide sociale, d’aide éducative, devenir uniquement un métier d’aide sanitaire. Exit le volet relationnel, social, humain !

Pourquoi ?

Il y a sur la table du Gouvernement un projet d’assurance autonomie. J’ai toujours soutenu, au nom d’Ecolo, le principe d’une assurance autonomie, même si je suis critique face au modèle proposé par le Gouvernement wallon, c’est-à-dire, premièrement, une cotisation forfaitaire de 50 euros par an pour chaque Wallon, qui constitue le retour par la fenêtre de la redevance télévision qui a été jetée par la porte ; deuxièmement, une offre limitée ; troisièmement, des menaces à la fois pour le secteur, pour le professionnel, et pour les bénéficiaires.

Tel qu’il est imaginé par Mme la Ministre Greoli, ce projet limite le soutien aux personnes selon des critères principalement sanitaires. Il y aura une grille d’évaluation appelée BelRAI. Elle s’appelait RAI aux États-Unis et devient BelRAI en Belgique, comme RTL, en France, devient Bel RTL, en Belgique.

Cette grille BelRAI sera utilisée pour déterminer qui peut bénéficier ou non des services d’aide familiale.

Seulement, cette grille est composée de critères très sanitaires et de critères très peu sociaux. Cette grille risque d’exclure du bénéfice de la future assurance autonomie de nombreux bénéficiaires actuels des services d’aides familiales, des gens qui bénéficient des services d’aide familiale, aujourd’hui, ne pourrons plus en bénéficier demain, ce sont les bénéficiaires au profil social qui seront concernés, vu les critères de la grille d’évaluation et le secteur estime leur proportion à 30  % et c’est énorme. Si ces personnes veulent continuer à bénéficier de ses services, ils devront payer le prix plein c’est-à-dire 35 euros par heure contre 7 euros actuellement. Cela va devenir impayable pour un grand nombre de ces personnes, alors que ces aides à domicile représentent un réel soutien pour leur autonomie individuelle. C’est ce qui devrait précisément être le but poursuivi.

Je rappelle que les tâches qui peuvent être effectuées par les aides familiales sont multiples, elles concernent :

la vie quotidienne, l’accompagnement des enfants, des personnes âgées, malades ou handicapées, de personnes extérieures, préparation de repas  ;

L’aide sanitaire, l’hygiène, le confort, la sécurité des personnes ;

Un soutien relationnel, l’écoute, l’identification des difficultés ;

Une aide sociale, l’organisation du budget, démarches administratives ;

Une aide éducative, conseils d’hygiène de vie, adaptation du logement, un soutien aux familles.

La réforme proposée ici par le cdH risque de transformer profondément le métier des aides familiales en ne les limitant qu’à ce rôle sanitaire. Exit donc le rôle éducatif, social, relationnel de soutien au quotidien. Les aides familiales risquent de se transformer demain en simple car-wash humain. Ce n’est pas notre vision de l’autonomie, ce n’est pas notre vision du respect des personnes dans leur réalité.

Madame la Ministre, face à ces inquiétudes qui sont exprimées tant par le secteur que par une partie des parlementaires, se voulait rassurante. Vous nous dites  : « pas de panique, je gère, je vais voir ce que l’on peut faire avec cette grille Belrail ». Alors vous comprenez, Madame la Ministre, que des paroles aussi rassurantes soient-elles, ne peuvent pas nous satisfaire. C’est pourquoi je souhaite que la résolution Bonni-Stoffels qui est soumise au vote de ce Parlement aujourd’hui soit votée, parce qu’au-delà des mots et des paroles, il y aurait un engagement ferme du Gouvernement face aux nombreuses aides familiales, face aux nombreux bénéficiaires des aides familiales qui garantiraient la pérennité, la qualité et l’avenir des services rendus aux Wallons et wallonnes les plus faibles.

Pour conclure, je vous demande une nouvelle fois, Madame la Ministre, également à vos collègues du Gouvernement et chers collègues de la majorité de proposer une assurance autonomie respectueuse à la fois des bénéficiaires et des travailleurs des services d’aides familiales ».

Malheureusement la majorité du Parlement n’a pas adopté cette proposition de résolution.

Lien vers l’intégralité du débat (p. 103 et suivantes) :

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/CRA/cra14.pdf

Lien vers la proposition de résolution :

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2016_2017/RES/721_1.pdf

Lien vers le rapport de commission :

http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/RES/721_2.pdf