Photo de Namur avec le confluent, le Parlement pour symboliser la Wallonie.1. Il y a dans l’exposé du Ministre-Président une lucidité sur une série d’indicateurs. En effet, il y a des réalités qui progressent en Wallonie et des choses qui ne bougent pas ou qui reculent.

Le contexte économique global reprend des couleurs. Encore heureux que la Wallonie en bénéficie, mais la Wallonie – comme la Belgique d’ailleurs – en profite moins que le zone euro en général.

La Wallonie avance et il faut s’en réjouir. Mais elle reste en retard par rapport à la moyenne européenne. Par exemple, le chômage des jeunes de moins de 25 ans reste dramatiquement élevé (27,9 % en 2016 !). Un Wallon sur cinq est sous le seuil de pauvreté. Et en 5 ans, le nombre de bénéficiaires du RIS a augmenté de 46 %. Les chiffres sont là. On ne peut pas s’en réjouir et on doit lutter concrètement et structurellement contre les situations de pauvreté.

 

2. Comme son prédécesseur PS, le Ministre-président ne considère les enjeux écologiques que de façon marginale et périphérique.

Il a certes évoqué rapidement deux ou trois éléments sur le climat ou la qualité de l’air. Par parenthèse, le Ministre-président semble estimer que les émissions de gaz à effet de serre et la qualité de l’air évoluent positivement. Pourtant, de nombreuses études pointent que la qualité de l’air reste préoccupante, tant dans les villes (notamment à cause des pollutions automobiles) que dans les campagnes (notamment avec les pollutions liées aux pesticides) ; les émissions de gaz à effet de serre, quant à elles, sont carrément reparties à la hausse en 2015.

Mais surtout, le Ministre-président n’a pas dit un mot, par exemple, sur la mobilité et les embouteillages qui n’ont jamais été aussi importants en Wallonie. Pas un mot sur la biodiversité qui connaît un effondrement dramatique. Pas un mot sur l’aménagement du territoire. Etc. Les indicateurs sont pourtant en alerte rouge sur l’ensemble de ces enjeux.

Il n’y a jamais eu autant d’embouteillages. Mais le Gouvernement wallon continue de ne pas investir dans des alternatives crédibles et diminue les budgets des transports en commun.

On annonce régulièrement une Wallonie 100 % bio. Mais à cette vitesse là, il faudra 70 à 80 ans pour arriver à cette fameuse Wallonie 100 % bio ! Pareil au niveau des investissements dans les énergies renouvelables, les objectifs ont été reportés.

Cela illustre un manque d’une stratégie qui prendrait en compte l’ensemble des éléments économiques, sociaux, environnementaux, pour une politique globale efficace et cohérente. Le Ministre-Président a en effet exposé 4 axes dans son État de la Wallonie, mais il semble les voir comme des éléments indépendants les uns des autres.

Pour Ecolo, une vraie politique régionale cohérente et efficace doit intégrer le développement économique, mais aussi la transition écologique d’une part, la cohésion sociale et la lutte contre les inégalités d’autre part. Globalement, le Gouvernement MR-cdH s’attache beaucoup aux outils, mais il manque la vision, la stratégie.

 

3. Il y a un diagnostic, mais les actions ne suivent pas. Il y a un grand écart avec les actions et plus encore les inactions du Gouvernement wallon.

Ainsi, le Gouvernement constate et s’inquiète à raison du taux de risque de pauvreté qui est catastrophique. Un enfant sur quatre vit dans un ménage en dessous du seuil de pauvreté, mais la réforme des allocations familiales ne modifiera pas cette situation.

Dans le même sens, l’accord de Paris contient des engagements considérables en matière climatique, mais les décisions du Gouvernement wallon sont tout à fait insuffisantes par rapport à ces objectifs, quand elles ne sont pas contradictoires, comme la fuite en avant autoroutière ou la poursuite effrénée de l’étalement urbain.

Il y a du boulot et, en la matière, nous ne sommes pas toujours sur le bon chemin !

 

C’était en synthèse le contenu de l’intervention de Stéphane Hazée, en tant que chef de groupe Ecolo, dans le débat sur l’État de la Wallonie, lors de la séance plénière du jeudi 24 mai 2018 au Parlement de Wallonie.