Sur 35 % du territoire wallon, des pesticides sont utilisés, dont des perturbateurs endocriniens et des neurotoxiques. ECOLO a régulièrement interpellé les ministres compétents (Mme Greoli, M.Collin et M. Di Antonio) sur les risques encourus par la population exposée à ces pesticides. Le cas de Fernelmont, où il y a suspicion d’un cluster de cancers, est symptomatique de ce que provoque une telle exposition.
La Wallonie a donc lancé l’étude Expopesten, menée dans 12 localités représentatives des modes de vie et de la population de la Wallonie. Le ministre Di Antonio vient de rendre public les résultats. Et ils ne sont guère réjouissants. La présence de pesticides est probablement plus importante que prévue 46 molécules ont été trouvées (pesticides, fongicides et insecticides) d’usage courant, dont des molécules interdites ? Sans surprise, les zones agricoles (ainsi que la région de Charleroi), sont les plus touchées, et que le nombre de substances est le plus élevé, en fonction des saisons et des produits utilisés sont constatés. Il est intéressant de souligner que l’exposition annuelle dans une zone agricole est plus élevée que dans une zone sans cultures ou fruiticulture.
Notons, comme Ecolo l’a rappelé à de nombreuses reprises, le risque pour les publics fragiles (femmes enceintes, enfants et personnes âgées notamment), beaucoup plus sensibles aux expositions. L’accès de l’information à la population est essentiel or le gouvernement wallon n’en fait pas plus que nécessaire, malgré les résultats de plus en plus préoccupants des études menées.
A noter également que, si certaines concentrations sont plus faibles, il est impératif de tenir compte de l’effet cocktail d’un mix de substances. Plutôt que de se focaliser sur une molécule, il faut évaluer leurs effets combinés. Il est consternant de constater également que les échantillons d’urine de 250 enfants âgés de 9 à 12 ans contenaient TOUS des traces de produits dont certains altèrent le développement du cerveau de l’enfant. Cela veut dire que, dans ce cas précis, quel que soit le lieu où habite l’enfant, tous sont logés à la même enseigne !
Une deuxième étude, l’étude Propoulp, est toujours en cours et vise plus particulièrement les populations en bordure de champs. Une première phase du projet Propulppp a été menée, entre avril et juin 2018, sur les sites de sept écoles à travers la Wallonie : l’école de Cortil-Wodon à Fernelmont, où elle a pris racine après une première étude l’an dernier, mais aussi celles de Grez-Doiceau, Ophain, Loupoigne, Racour, Baisy-Thy en Brabant wallon et Racourt près de Lincent.
Des capteurs ont été posés et relevés régulièrement pour objectiver les expositions des populations aux pesticides. Les résultats sont interpellants puisqu’ils confirment et dépassent même les premiers résultats obtenus.
L’étude, supervisée par le professeur Schiffers, évoque des traces de 39 substances actives relevées dans les cours des écoles, sur les jeux des enfants, mais aussi à l’intérieur des classes. La dispersion dans l’air des substances, bien que réduites par l’usage de buses anti-dérives, se poursuit aussi durant une longue période après application.
Parmi ces substances, on retrouve – c’est particulièrement interpellant – un certain nombre de substances interdites depuis longtemps comme le DDT, interdit depuis 1974, ou le lindane, interdit depuis 2000.
Compte tenu des résultats partiels, le ministre Di Antonio qui refuse toutefois de s’exprimer sur l’étude tant qu’elle n’est pas terminée, a annoncé que la Wallonie prendrait déjà une série de mesures.
Pour Ecolo, à vouloir interdire l’usage en Wallonie d’une molécule déterminée, sera toujours une course perdue derrière les géants de la chimie ! La mise en œuvre du principe de précaution consiste au final à l’interdiction pure et simple des pesticides et de substances dont les effets mettent en danger les utilisateurs et la population.
Nous continuerons à suivre de très près ce dossier. Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure que d’autres éléments apparaîtront.