La décision brutale du cdH il y a quelques semaines annonçait une rupture. Nous ne pouvons que constater qu’au-delà de son impréparation, la stratégie du cdH aboutit à une Déclaration de politique régionale faible et sans vision.
Sur le système démocratique et la gouvernance tout d’abord, motif prétendu de la crise, il n’y a clairement pas de basculement, pas de changement de système. Plusieurs avancées sont à souligner, et résultent d’un travail en commun avec Ecolo : le cadastre des mandats et rémunérations, le renforcement de la commission de déontologie, la transparence sur les activités privées, la transparence dans l’octroi des subventions, la rationalisation des outils publics… Mais l’accord MR-cdH ne prévoit, par exemple, ni le décumul intégral des députés et autres fonctions régionales à responsabilités importantes, ni le plafonnement des rémunérations privées. En lieu et place d’une dépolitisation de l’administration, un recul important se prépare : en effet, les mandats ne seront plus conditionnés à une réussite du certificat de l’Ecole d’Administration Publique. En clair, on risque de remplacer les hauts fonctionnaires encartés PS – cdH par des hauts fonctionnaires encartés MR – cdH… Et si, au premier abord, une circonscription régionale et la suppression des Provinces sont évoquées dans la communication, rien n’augure d’une mise en œuvre concrète.
Ecolo a fait des propositions cohérentes à même d’assainir les pratiques politique et de refonder notre démocratie. Force est de constater que Cdh et MR n’en veulent pas !
Ce qui frappe également, c’est la continuité annoncée de politiques sans vision, que nous combattons depuis 3 ans; la continuité de politiques qui ne rencontreront pas davantage demain qu’aujourd’hui les enjeux de la transition écologique et de la justice sociale.
Le nouveau Gouvernement wallon n’a que 18 mois pour agir. Il aurait pu fixer un certain nombre d’objectifs prioritaires, de réformes ciblées et de mesures précises. C’est malheureusement tout le contraire. Ce n’est pas le nombre de pages qui est le problème. Le problème, c’est le flou absolu qui domine la plus grande partie de cette Déclaration qui multiplie les proclamations d’intention, mais sans rien dire de la mise en œuvre, des moyens qui seront dégagés, du calendrier de réalisation, voire même des mesures elles-même, au-delà des slogans.
Sur l’emploi, « priorité numéro 1 » selon MR et cdH, il n’y a quasi aucune impulsion nouvelle. « Tous les secteurs devront créer de l’emploi », mais rien n’est dit sur la méthode pour atteindre cette ambition. De plus, créer de l’emploi ne se fera pas utilement sans une réelle stratégie vers des secteurs durables, innovants et porteurs socialement.
L’environnement est certainement un grand absent de l’accord. On s’inscrit ici dans la continuité du Gouvernement sortant : les objectifs trop faibles en énergie renouvelable ne sont pas rehaussés, voire pourraient chuter encore, et le Gouvernement MR-cdH n’a aucune ambition en matière de biodiversité, d’alimentation et d’agriculture durables. Le définancement du groupe TEC n’est pas mis en cause. Les aéroports continueront par contre à recevoir plus de 100 millions d’euros d’argent public par an. Dans ces conditions, il sera impossible de respecter l’Accord de Paris, ce que le Gouvernement MR-cdH s’engage pourtant à faire.
Concernant les affaires sociales, l’accord est évasif voire muet sur les enjeux des allocations familiales et de l’assurance autonomie. Le Gouvernement maintient manifestement les orientations antérieures, à savoir une assurance autonomie financée par une taxe qui pèse de la même façon sur les personnes précaires et les plus nantis, et des allocations familiales qui vont conduire à des disparités injustes entre familles dans des situations similaires.
Sur la fiscalité et le budget, on peut saluer l’annonce de la suppression de la téléredevance, mais regretter la suppression du taux de 15 % sur la troisième (!) habitation, qui est un cadeau aux plus fortunés. Ecolo s’inquiète surtout du fait que les mesures annoncées ne sont accompagnées d’aucune piste pour financer équitablement l’ensemble de cette réforme fiscale.
Enfin, il faut bien constater un nombre impressionnant de dossiers annoncés depuis 2014, non réalisés et qui passent tout simplement à la trappe : pas de stratégie d’économie circulaire, pas de schéma de développement territorial, pas de décret sols, pas de nouvelle du plan Air Climat Energie, aucune évocation du plan de lutte contre la pauvreté, pas de plan régional de mobilité durable,…
Malgré cet accord de Gouvernement décevant, voire indigent sur bien des points, Ecolo portera sans relâche une alternative pour la transition écologique, la justice sociale et l’assainissement des pratiques politiques. En ce sens, Ecolo poursuivra son travail d’opposition constructive, continuera à formuler des propositions et soutiendra les réformes positives pour la Wallonie, les Wallonnes et les Wallons.
Patrick Dupriez, Co-président d’Ecolo
Stéphane Hazée, Chef de groupe Ecolo au Parlement Wallon
Philippe Henry, Député, membre du Parlement Wallon
Hélène Ryckmans, Députée, membre du Parlement Wallon
Matthieu Daele, Député, membre du Parlement Wallon