Menaces pour la liberté de la presse : no pasaran !
C’est le sens de la déclaration conjointe que Stéphane Hazée a faite, ce dimanche 5 novembre 2017, avec trois autres anciens membres de la Commission d’enquête Publifin suite aux informations graves révélées par Le VIF au sujet de possibles pressions sur la rédaction du quotidien L’Avenir.
Ces informations sont d’autant plus préoccupantes qu’elles font suite à d’autres velléités du même ordre de la part des mêmes personnes dans un passé récent (à cet égard, lire par exemple l’enquête du journal Marianne du 10 août 2013).
Déclaration conjointe : LA LIBERTE DE LA PRESSE EST, ET RESTERA UNE VALEUR ESSENTIELLE
Le 27 octobre dernier, Le VIF/L’Express se faisait le relais d’informations concernant de possibles tentatives de pression et de règlement de comptes sur la rédaction du journal L’Avenir. Ces velléités seraient accompagnées d’un projet de plan de restructuration et même d’une « liste noire » de journalistes. Ces faits, s’ils sont fondés, sont extrêmement graves dans un régime démocratique, en ce qu’ils tendent à mettre à mal, voire à annihiler, l’indépendance rédactionnelle d’un quotidien.
Comme l’ont indiqué, par voie de communiqué, les délégations de la Société des Rédacteurs et de l’Association des Journalistes Professionnels des Editions de l’Avenir, « cette indépendance est une réalité, on l’a vérifié ces derniers mois. Elle constitue également une légitime fierté. Elle renforce la crédibilité de nos médias, papier et web. Ceux qui ont été amenés à traiter de l’actualité autour de Publifin-Nethys, et continuent de le faire avec mesure et impartialité, méritent d’être placés sur la liste vertueuse de ceux qui appliquent au quotidien l’indépendance rédactionnelle. Nous pouvons également y placer le rédacteur en chef, Thierry Dupièreux, qui a rendu possible le respect de nos valeurs de sérieux et de professionnalisme, malgré une période délicate et troublée ».
Il est dès lors d’autant plus inacceptable, dans un régime démocratique digne de ce nom, de tolérer la simple idée de mise sous tutelle, de représailles ou de censure de la presse. Notre Constitution protège d’ailleurs, en son article 25, cette liberté fondamentale et dispose que la presse est libre et qu’aucune censure ne pourra jamais être établie. Toute menace sur un rédacteur en chef, sur un administrateur délégué d’un organe de presse ou sur tout journaliste à des fins de pression et, ultimement, de censure est donc en toute hypothèse totalement inadmissible.
Dans ce contexte, nous souhaitons réaffirmer avec force qu’une mission essentielle d’un organe de presse, et donc aussi de son propriétaire, est de garantir et de promouvoir l’indépendance des rédactions et des rédacteurs, dans le respect du professionnalisme et de la déontologie du métier. Cette obligation s’impose d’autant plus impérativement lorsque l’organe de presse ou son propriétaire est public.
En conséquence et sans préjudice de la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations de la Commission d’enquête Publifin, nous ne pourrons pas nous contenter d’être simplement spectateurs, dans les semaines et les mois à venir, d’une situation intenable et insupportable, ainsi que des risques d’atteinte à son intégrité encourus par la rédaction de L’Avenir.
Nous prenons dès lors l’engagement conjoint, avec l’ensemble de nos différences, de faire tout ce qui est et sera en notre pouvoir pour défendre la liberté de la presse. Aucune de nos décisions ne pourra favoriser, directement ou indirectement, une situation qui mettrait à mal cette liberté fondamentale. Nous appelons par ailleurs les représentants démocratiques au sein des organismes parapublics à s’inscrire scrupuleusement dans la même ligne de conduite. Tout comportement inverse serait incompatible avec nos principes démocratiques et incompatible avec les valeurs fondamentales de nos différents groupes politiques.
Plus largement, il s’agit d’une mise en danger d’une liberté fondamentale consacrée dans notre pays depuis son indépendance. La liberté de la presse constitue une des fondations de l’Etat belge. Toute atteinte à la liberté de la presse, toute tentative de censure de celle-ci, doit à l’avenir faire l’objet de sanctions plus clairement définies. Nous entendons également relancer le débat sur les initiatives à prendre par les pouvoirs publics pour garantir au mieux les conditions économiques qui permettent aux organes de presse d’exercer leur liberté.