Le Gouvernement wallon propose ce jeudi un déploiement généralisé en 15 ans des compteurs communicants. Ce qui représente une facture potentielle de l’ordre de 750 millions d’euros pour les consommateurs, en échange de bénéfices à ce stade très hypothétiques!
Ecolo souligne que le gouvernement prend sa décision sur base d’une étude de la Cwape, qui se base elle-même principalement sur les chiffres et plans donnés par les Gestionnaires de réseau (ORES et RESA). « C’est un choix totalement prématuré. L’étude n’a même pas encore été officiellement évoquée au Parlement, aucun débat n’a eu lieu »commente le député wallon Ecolo Philippe Henry. « Toutes les expériences de déploiement des compteurs à l’étranger montrent que les coûts sont systématiquement plus importants qu’initialement prévu, » poursuit Philippe Henry.
Selon ORES, un déploiement généralisé de compteurs communicants pour la distribution d’électricité en 15 ans permet à terme un bénéfice de 527 euros par compteur, et un coût supplémentaire de 488 euros. Selon RESA, par contre, ce déploiement va coûter 573 euros par compteur, et ne rapporter que 551 euros. Quant à l’utilité individuelle de tels compteurs pour les consommateurs, notamment en termes de transition énergétique, elle est très variable et dépend beaucoup de la capacité de chacun à agir sur sa consommation.
Pour Ecolo, cette étude démontre avant tout le coût extrêmement élevé du système des compteurs à budget (estimé à 44 millions en 2015, et jusqu’à 60 millions en comptant les frais annexes). Plus d’un tiers des bénéfices virtuels escomptés par un déploiement provient en fait du remplacement des compteurs à budget, dont les fonctionnalités seraient intégrées dans les compteurs communicants.
« Non seulement les bénéfices envisagés posent question sur le plan social et les conséquences en matière d’emploi, mais surtout ils démontrent qu’avec un autre dispositif de gestion des retards de paiements, par exemple un système similaire à la région bruxelloise, le déploiement des compteurs communicants aboutirait en fait un business plan très défavorable en termes financiers, » ajoute Philippe Henry.
Les écologistes rappellent qu’une résolution, votée à l’unanimité du Parlement de Wallonie, remettait en question l’intérêt environnemental et en termes de transition énergétique d’un déploiement généralisé des compteurs communicants, tout en reconnaissant leur pertinence dans certaines situations (sur base volontaire pour ceux qui souhaitent faire appel à des mécanismes de flexibilité, par exemple; ou pour remplacer des compteurs traditionnels en fin de vie).
L’étude de la Cwape ne démontre pas plus l’intérêt environnemental d’un déploiement généralisé. Concernant l’impact en termes de ressources et de déchets, la Cwape évoque uniquement la nécessité de recyclage des anciens compteurs. Elle occulte totalement la fabrication et le recyclage des nouveaux compteurs communicants, qui doivent être remplacés tous les 15 ans (contre 40 ans pour les anciens), sans influence avérée sur la consommation d’électricité.
« Enfin, les compteurs communicants peuvent jouer un rôle intéressant auprès de certains utilisateurs, mais le déploiement généralisé n’apparaît pas comme positif pour le climat et la transition énergétique, ni pour le portefeuille des consommateurs. Si l’on veut être efficace et réaliste, il s’agirait plutôt de passer par des solutions de micro-réseaux, et des mécanisme de flexibilité et de stockage collectifs, à l’échelle d’un immeuble, d’un quartier ou encore d’un zoning. Nous interpellerons prochainement le Ministre Crucke en ce sens, » conclut Philippe Henry.